5 mars 2021

Des travailleuses domestiques mises à l'honneur en Inde

Le mois dernier, les membres du Mouvement national des travailleur.euses domestiques dans divers états indiens ont été remercié.es pour leurs efforts durant la crise du corona et au-delà. A Madras, l'équipe de Sœur Valar, coordinatrice du NDWM au Tamil Nadu, a reçu le prix des "meilleurs travailleuses sociales pour le service rendu pendant le "COVID-19". Shiny Rachel a également reçu un prix pour ses efforts.


A Chennay. Il y a peu, Shiny Rachel a été récompensée par le gouvernement du Kerala dans le cadre du "Prix d'excellence pour les travailleur-euses domestiques". Au départ, son désir était de devenir enseignante. Elle a obtenu un diplôme en langue hindi. Cependant, la possibilité d'obtenir un emploi officiel (en tant qu'enseignante d'hindi) n'est resté qu'à l'état de rêve car, entre-temps, elle s'est mariée avec un travailleur journalier du secteur de la construction et a donné naissance à deux fils. Ainsi, les difficlutés de la vie ont, petit à petit, fait d'elle une femme de ménage (travailleuse domestique). Elle a commencé à travailler comme employée de maison parce que son mari n'obtenait pas de travail tous les jours. En raison de leur situation financière, elle a même  émigré dans un pays du Moyen-Orient en tant que femme de ménage. Malheureusement, elle n'était pas bien payée et les droits du travail n'y étaient pas respectés. Elle a dû faire face à plusieurs mauvais traitements au Moyen-Orient et, après un an, elle est retournée chez elle dans le Kerala en Inde. Une fois de retour, elle a également travaillé comme employée de maison chez des enseignants à la retraite pour subvenir aux besoins de la famille. Aujourd'hui, cela fait huit ans qu'elle travaille dans cette même maison. Son travail consiste à cuisiner, laver les vêtements, nettoyer, etc. Elle s'attache à le faire de manière propre et nette, comme elle le fait dans sa propre maison. Shiny Rachel a l'habitude de partir au travail à neuf heure du matin après avoir envoyé ses deux garçons à l'école qui étudient (en 10e et 6e année) et de revenir à 17h30. Ils la considérent comme une membre de la famille et Shiny apprécie son travail de domestique dans cette famille. 

Au cours de son périple, elle a appris l'existence du National Domestic Workers Movement (NDWM) au Kerala, partenaire de WSM, et a décidé de rejoindre le mouvement. Un mouvement grâce auquel elle a appris à connaître ses droits en tant que travailleuse domestique, l'importance du syndicat, etc. Peu à peu, elle est devenue membre, puis Secrétaire du syndicat. Elle a assisté à plusieurs formations et cours de sensibilisation et de discussions sur la Convention-189 de l'OIT, les droits des travailleur-euses domestiques et elle a motivé beaucoup d'autres travailleur-euses à rejoindre le mouvement.

Lorsque Shiny Rachel a entendu parler du Prix d'excellence pour les travailleur-euses de l'économie informelle, le premier du genre décerné par le gouvernement de l'État, elle a posé sa candidature et a dû passer trois entretiens à différents niveaux : local, régional et national. Elle a été sélectionnée dans le secteur des travailleur-euses domestiques et a reçu un prix d'une valeur de 1 000 000 INR roupies indiens (= 11.500 €) en guise de récompense pour son travail réalisé. Ce prix a été remis par le Ministre du travail en présence du Ministre d'État en chef comme prix de motivation. Au cours de cette cérémonie, le Ministre a vraiment incité d'autres travailleur-euses domestiques à être fier-ères de leur situation professionnelle et à respecter leur travail et leur dignité.

De son côté, Sœur Valar (Sister Valar), Josephine Amala Valarmathi, travaille directement pour le National Domestic Workers Movement (NDWM), mouvement national indien des travailleur-euses domestiques. Avec cette organisation, elle défend les centaines de milliers de femmes indiennes qui travaillent comme domestiques. Elles défendent leurs droits, les sensibilisent, les rassemblent et organisent des formations. Grâce au NDWM, ces femmes ne sont pas seules. Le NDWM veille à ce que le travail de ces travailleur-euses domestiques, en Inde, soit reconnu comme un véritable travail. Que le droit du travail et le salaire minimum soient introduits. Que les abus ne soient plus systématiquement dissimulés. Malheureusement, la crise du coronavirus a eu de graves conséquences pour les travailleur-euses domestiques. De nombreuses femmes ont été chassées des foyers dans lesquelles elles travaillaient et n'y sont toujours pas les bienvenues. Cela engendre des conséquences dramatiques pour elles et leurs familles. WSM fournit environ 15.000 € à l'organisation pour l'aide alimentaire, la prévention contre le coronavirus et du lobbying pour étendre les mesures sociales. Le NDWM est une véritable bouée de sauvetage pour beaucoup de personnes.  

Bravo à Shiny Rachel, Sister Valar et au NDWM pour tout le travail accompli jusqu'ici. 

Photo-cover : Vitaliy Lyubezhanin : https://unsplash.com/@aperinastudios 

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