16 mars 2021

Les syndicats font pression pour rétablir la démocratie au Myanmar

Le 1er février 2021, le Myanmar a été catapulté 10 ans en arrière. La population s'est réveillée avec une nouvelle dictature militaire. Les Tatmadaw - les militaires du Myanmar - ont réalisé un coup d'État. L'expérience démocratique entamée en 2011 et l'espoir de la population d'un avenir durable ont été à nouveau réduits à néant par la force militaire. Depuis lors, la situation en matière de démocratie, de droits humains et syndicaux n'a fait qu'empirer. Le CTUM, le syndicat partenaire de la CSC au Myanmar, comme le KSBSI en Indonésie, partenaire de WSM, mènent la résistance !


Le Myanmar, pays d'Asie du Sud-Est, est 22 fois plus grand que la Belgique. Ses voisins sont la Chine, l'Inde, le Bangladesh, le Laos et la Thaïlande. Jusqu'en 1948, c'était une colonie britannique. Ensuite, l'ancienne Birmanie a connu une brève période de démocratie avant que les militaires n'installent violemment leur dictature de près de 50 ans. En 2011, il y avait enfin un espoir d'amélioration. Les militaires ont accepté un gouvernement civil dirigé par Aung San Suu Kyi. "La dame", comme l'appelle la population, a reçu beaucoup d'attention et de renommée internationale en raison de son combat pour la démocratie au Myanmar. La communauté internationale l'a récompensée par le prix Nobel de la paix en 1991 ; le Tatmadaw (l'armée) l'a condamnée à 40 ans de prison et à l'assignation à résidence.

Même après 2011, les militaires ont conservé un pouvoir réel. Ils ont créé une constitution qui perpétue leur pouvoir en garantissant 25% des sièges au Parlement, en conservant les ministères stratégiques et en adoptant une loi qui empêche les personnes ayant des familles étrangères de devenir président. Par coïncidence, Aung San Suu Kyi a justement des enfants... de nationalité britannique. Ayant la mainmise sur le pouvoir politique, ils ont également profité pleinement de l'économie du pays. Le pays est très riche en gaz, en minéraux et en autres matières premières coûteuses. Le Myanmar jouit d'une situation stratégique et, ces dernières années, l'industrie de l'habillement a connu un véritable boom pour la production de célèbres marques de vêtements qui ont quitté le Bangladesh, la Chine, le Vietnam et l'Indonésie en raison de la hausse des coûts de production. Et, il s'agit de marques de vêtements qui sont également présentes sur le marché belge. 

Les raisons du coup d'État ...

La victoire d'Aung San Suu Kyi et de son parti - la Ligue nationale pour la démocratie (LND) - aux élections du 8 novembre 2020 a été la cause immédiate du coup d'État. La LND a écrasé les partis soutenus par l'armée à plus de 80%. Les militaires ont suivi l'exemple de Trump et ont contesté les résultats en invoquant une "fraude aux urnes". Le conseil électoral national a réfuté ces allégations. La mise à la retraite forcée par Aung San Suu Kyi du général Min Aung Hlaing en raison de son rôle dans le génocide des Rohingyas est une raison supplémentaire. Min Aung Hlaing se trouve être le général qui a pris le pouvoir lors du coup d'État. Ce coup d'État est intervenu juste à temps, le matin de la session d'ouverture du nouveau Parlement. Ce nouveau parlement aurait pu modifier la constitution au détriment de la position de pouvoir des militaires.

Le nouveau dirigeant a déclaré l'état d'urgence, suspendu le Parlement et promis des élections "véritablement libres" dans un délai d'un an. Entre-temps, les principaux dirigeants de la LND et une liste de militant-es ont été emprisonné-es ou placé-es sur une liste noire. Aung San Suu Kyi est de nouveau en détention et attend son procès pour importation et utilisation illégales de talkies-walkies. Immédiatement après le coup d'État, la population a organisé des protestations massives. Chaque jour, des milliers de manifestant-es réclament le rétablissement de la démocratie, la libération d'Aung San Suu Kyi et bien d'autres choses encore. La junte militaire a utilisé des mesures sévères pour mettre fin aux protestations. Elle a restreint la liberté d'expression et la liberté de la presse et a introduit une interdiction des réunions. Elle a aussi condamné et emprisonné des personnes sans aucune forme de justice.

Le syndicat mène la résistance

Le syndicat CTUM, avec lequel l'ACV-CSC travaille depuis des années, et qui n'a pu travailler ouvertement que depuis le début de la démocratie en 2011, appelle également à des manifestations, à la désobéissance civile et à des grèves. Le CTUM boycotte les consultations avec les militaires et appelle à la paralysie de l'économie. Entrainant une forte répression des militant-es et des dirigeant-es syndicaux-ales de la CTUM, dont beaucoup ont dû se cacher et fuir.

Soutien international

À la demande de nos collègues syndicalistes du Myanmar, l'ACV-CSC tente, avec d'autres syndicats et avec la Confédération syndicale internationale (CSI), de rétablir la démocratie dans le pays par le biais de pressions internationales. Le 10 mars, par exemple, le syndicat indonésien KSBSI, partenaire de WSM, a mené une action avec plus de 100 dirigeants syndicaux devant l'ambassade du Myanmar à Jakarta.

Des mesures sont également prises pour isoler la junte militaire dans les institutions internationales, interrompre les négociations relatives à l'accord commercial entre l'UE et le Myanmar, faire pression sur les entreprises qui font des affaires avec les militaires au Myanmar, et geler et assécher les revenus de la junte militaire.

Stijn Sintubin - Coordinateur ACV-CSC Internationale

 

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